Le gorille en révolution by Antoine Dominique

Auteur:Antoine Dominique [Dominique, Antoine]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Littérature française, Espionnage
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

* * *

Assis sur la table, le cœur battant, Bouton avait pris Jeannette entre ses genoux. Il la maintenait par les hanches.

— Mais enfin, chérie, nous nous sommes aimés.

Elle approuva de la tête et dit, dubitative :

— Oui, parfois… un peu…

— Jeannette… J'ai toujours envie de toi!

Elle lui posa ses mains sut les épaules et lui sourit, gentille et vache à la fois :

— Si ça peut te soulager, Pierre, moi... je veux bien...

Il la repoussa, féroce :

— Je te parle amour, tu me réponds organe!

Vraiment, il lui faisait de la peine Elle s'appuya contre lui. Il pensa une seconde que l’étincelle magique allait jaillir.

Mais, pan! le téléphone!… Il décrocha.

Sursaut : la voix de Bézillon, le policier redoutable et redouté.

— Bouton?

— C'est moi…

— Bézillon, au fil. Dites- -moi, mon vieux, on a ramassé trois crétins qui essayaient de piquer des armes. C'est une affaire D. S. T., ça! Complot, mon vieux! J'ai bien envie de vous les refiler?

Bouton réfléchit, le temps de se dire : « Il essaie de me piéger. » Il lui retourna aussitôt :

— Passez-les donc à votre section locale D. S. T.

— Oh! c'est trop « gros ». Le ministre vous envoie dans notre région pour ces affaires-là…

Bouton le contra aussi sec :

— Impossible, cher ami Je suis en mission secrète, voyons… Ce serait ôter mon « faux nez »!

— Bon, siffla Bézillon, je fais ouvrir une instruction. Ils seront jugés, condamnés.

— Pourquoi? demanda Bouton avec une feinte naïveté. Vous vouliez me les repasser pour que je les ibère dans la nature?

— Je ne dis rien de pareil! Mais si mes renseignements sont exacts, vous évoluez en plein milieu des factieux. Vous seriez donc à même de « profiter » de ces arrestations.

Bouton coupa :

— Je mène ma mission comme il me plaît. Gardez vos zèbres!

Il allait raccrocher. Maïs, obscurément, il sentait que l'autre essayait de flottailler entre deux eaux. Aussi, il tenta de rattraper le divisionnaire :

— Vous et moi, Bézillon, nous sommes des gens mesurés, n'est-ce pas?… Vous vous souvenez du camion de « soupe » dans le Salaire de la Peur6 ? Eh bien! c'est vous qui en tenez le volant, ce matin.

— Je ne comprends pas. D'ailleurs, je ne veux pas comprendre.

Et Bézillon raccrocha.

Lentement, Bouton reposa le combiné, disant à Jeannette :

— Un moment, j'ai cru trouver, dans ce type, une lueur d'intelligence…

Il fit l'amour à Jeannette. Et aussitôt après, dégouté d'elle, de lui, de tout, il la supplia :

— Jure-moi que jamais plus on ne le refera. Jamais!

Elle sourit avec tristesse.

— Ça fait trois fois que tu le dis! Et toujours tu recommences...

Il gueula :

— Mais, enfin, pourquoi me cèdes-tu?

Elle lui retourna :

— Pourquoi tu me harcèles, toi?

Le cercle. Vicieux? Pas tellement...

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